Pour fêter mes 29 ans, une virée entre filles s’imposait. J’ai voulu mettre mon corps à l’épreuve du temps et me prouver que je pouvais encore danser du reggaeton à trois heures du matin sur des talons hauts avec des verres en trop dans le système. Le défi était de taille pour une fille qui n’était pas sortie depuis des lustres et qui dit encore « des lustres ».
Quand tu t’approches dangereusement de la trentaine – tout devient dangereux à partir de cet âge – il faut trois fois plus de produits pour le visage, mais toujours avec trois fois rien, une corrélation mystérieuse à mes yeux. J’ai pris le temps de me préparer, de faire mes cheveux et de me tartiner la face pour affronter la nuit, cette période où les gens ne perçoivent pas tout cet effort de préparation. Pourquoi ? Parce qu’il fait nuit.
La bonne nouvelle, c’est que tous mes efforts n’auront pas été en vain. Arrivée à l’entrée de la boite, le vigile m’a demandé ma carte d’identité. Le doute planait sur mon âge, à 12 ans près apparemment. On est devenus amis. Une fois à l’intérieur, pendant deux heures, on s’est déhanchées aux sons du DJ qui m’a dédicacé une de ses chansons. On est devenus amis.
En revanche, le retour en taxi m’a semblé éternellement long. En voyant mon air qui tanguait – à ce stade, absolument tout tangue – le chauffeur m’a gentiment proposé de s’arrêter un instant. Moi, c’était l’instant que je voulais arrêter, mais il m’échappait complètement. Plus le temps de réfléchir, voilà qu’il a accéléré. Le temps s’est mis à filer, je n’arrivais plus à suivre, ni à comprendre les secondes, tout allait trop vite. Je ne sentais plus l’hiver. Devant les escaliers de chez moi, j’ai commencé un sprint sur mes jambes en coton, je me suis surprise à tenir encore debout. J’ai pensé à Usain Bolt et à ses records du monde. J’ai saisi la cuvette des toilettes et baissé la tête tel un sprinter qui franchit la ligne d’arrivée pour gagner un millième de secondes. Ça y est, j’ai 29 ans et trois amis en plus.
Je compatis! Si je puis te rassurer, je suis de l’autre cote de la barriere de la trentaine et ce n’est pas si mal. On y est bien 🙂
30 ans et quelques jours plus tard, c’est plutôt pas mal de l’autre côté de la barrière comme tu dis 🙂